A la rencontre de nos producteurs au pied de la Chartreuse

Déracinement de l’équipe du p’tit Ravito, repiquage en plein champs ! Nous sommes allés une matinée au pied de la Chartreuse, à la rencontre de 3 de nos producteurs qui ont ça en commun d’être visible depuis le train. Voici un résumé de cette p’tite excursion !

Terre Ferme

     On a posé pied en Terre Ferme, dans l’exploitation de Boris, notre producteur de desserts au soja. Il a repris les labos d’une ferme laitière et a même conservé les pubs vintage faisant l’apologie du lait de vache. Un brin d’humour mais aussi sa manière à lui de montrer la continuité entre son activité et la précédente. Dans le Voironnais, il y a de moins en moins de place pour des élevages, les habitations se densifient et il n’y a plus de place pour les pâtures.
Boris était donc le repreneur parfait pour le labo de l’ancienne ferme. Cet enfant d’éleveur de Lorraine rêvait de s’installer dans sa propre ferme et c’est chose faite depuis 2 ans. Il décide que sa ferme sera végétale pour éviter les contraintes de vie qu’imposent un élevage. Il choisit de relever le défi de fabriquer des desserts végétaux fermiers de la culture jusqu’au produit fini (ils ne sont que 2 en France).
      Les yaourts sont fabriqués à la demande. Ils contiennent plus de soja que dans des produits industriels classiques (30kg de graines pour faire 130L de lait). La particularité de ses produits vient de l’étape de rebrassage, post fabrication. Cela lui prend un temps fou mais la texture passe avant tout !
    Boris a le goût de la transmission, on pourrait l’écouter des heures entières. Il nous montre son soja, récolté l’an passé ; ses machines de seconde main qui ont toutes une histoire passionnante ; les process de fabrication qui nous fascinent car pour arriver au produit fini il faut savoir manier un tracteur, une herse, une bineuse, un semoir, une décortiqueuse, un hachoir, une étuve et même des machines prototypes mi-passoire mi-presse. L’état de l’art sur la fabrication de produits végétaux n’est pas fourni, cela demande beaucoup d’expérimentation de sa part.
     Les nouvelles recommandations de l’ANSES sur le soja lui ont sacrément plombé le moral (la restauration collective scolaire c’est plus de 50% de son chiffre d’affaire). Alors il étudie la question, il se renseigne, il fait des tests. Tout est une question de dose. Et par ailleurs s’il lui reste une certitude c’est que les pesticides, peu importe la dose, sont un réel danger. Chez lui le BIO est une valeur fondamentale.
Les terres qu’il a trouvé sont bien adaptées à la pousse du soja et il pratique une rotation avec du blé et du tournesol pour enrichir ses sols. Elles se situent à côté de celles de la Ferme du May avec qui il s’entend bien (le début d’une association ? ) et qui est notre prochaine visite !

 

La Ferme du May

     C’est Olivier qui nous accueille sur sa ferme arboricole. Il a repris l’exploitation il y a deux ans, ce qui conforte les chiffres que 80% des fermes du pays voironnais sont extra familiales.
A la ferme du May, on découvre ce qu’on imaginait déjà un peu, il faut être solidement accroché pour se lancer dans la culture du fruit, c’est un sport d’endurance !
     Tenez vous bien, on a essayé de retenir quelques chiffres et informations clés. Un noyer met 7 à 10ans avant de produire des fruits. Un hectare de cerisier c’est 70000 € d’investissement, pour des fruits qui arrivent dans les 3 ou 4 années suivantes (en croisant fort les doigts pour avoir des conditions climatiques clémentes).
     Olivier est seul à gérer son exploitation et avec ses 7 salariés ils font pratiquement tout à la main. La fatigue se fait ressentir, c’est la fin de l’intense saison des fraises. C’est aussi une année de choix décisif pour la ferme. Il se diversifie, renouvelle ses vergers et plante des figuiers pour nous livrer d’ici quelques années.
     Pour la petite histoire, notre épicerie n’était pas le client idéal pour la ferme du May car c’est économiquement plus rentable de tout vendre en direct au marché avec de plus grandes marges. Mais finalement, Olivier a été convaincu petit à petit par ce modèle : nous sommes suffisamment d’épiceries fidèles à lui passer commande, la livraison est donc optimisée et nous fonctionnons dans la plus grande transparence, à son écoute sur les prix et les disponibilités. Il s’y retrouve et c’est avec enthousiasme qu’il parle des saisons à venir avec nous.
     Olivier rêve de fraise sans plastique (c’est-à-dire sans bâches), d’abricot (mais sans le vent de la vallée du Rhône c’est impossible), de s’associer avec un éleveur pour mutualiser les outils et intrants à la ferme, et de s’associer sur la ferme. Ses projets sont infinis, et inspirants. Par exemple, pendant notre passage, des moutons en transhumance pâturaient sous ses vergers, un bel exemple de cercle vertueux.
     Pour lui la chimie ne vient qu’en dernier recours, il a même arrêté d’utiliser du cuivre, largement autorisé en BIO, sur ses parcelles. Il sait qu’il n’aura pas trop de problème d’eau sur la prochaine décennie, une incertitude en moins dans la vie d’un agriculteur c’est toujours bon à prendre.

 

Les Jardins du Fontanil

     Dernière étape au Fontanil ! C’est Aude qui s’occupe de nous faire visiter cette véritable cité du légume de 8Ha dont 17 serres. C’est un labyrinthe de parcelles, chaque planche de légume et chaque serre a un p’tit nom ou numéro pour s’y repérer car c’est un véritable tétris, on risquerait de s’y perdre. Il parait qu’en novembre, lors de la planification, un des associés s’isole durant quelques jours et ne doit surtout pas être dérangé tant qu’il n’a pas prononcé la célèbre phrase : Habemus le plan !

     Aude nous raconte que ce qu’elle aime c’est que la ferme est suffisamment grande pour qu’il y ait du débit et qu’ils puissent optimiser des process, faire de l’économie d’échelle sur certaines manœuvres ; tout en restant une entreprise à taille humaine. Il y a une vraie réflexion pour économiser leurs corps et ceux de leurs salariés. Ils ont fabriqué une machine adaptée à leur exploitation avec l’Atelier Paysan, ont fait des aménagements pour avoir des plateformes à niveau avec le camion, ont des machines pour porter les caisses avant la lessiveuse.

     Entre les parcelles de légumes, ils font pousser de l’engrais vert qui leur sert parfois à couvrir le sol pour éviter les adventices, à éloigner les pucerons ou bien à nourrir le sol. Ils plantent des phacélies dans les courgettes pour attirer les insectes. Ils achètent aussi des mini ruches pour polliniser dans les serres. Les animaux font parti du paysage, comme les hirondelles qui nichent dans le bâtiment. Etant en zone urbaine, la proximité de la ville a un petit avantage, ils arrivent bien à recruter étant accessibles en tram.

 

     La ferme est composée de 3 associés et 6 salariés (un peu moins selon les saisons). Toute le monde participe à toute la vie de la ferme, sauf la récolte des radis. Il faut savoir tenir la cadence alors c’est réservé (pour le meilleur et pour le pire) aux associés. Record à battre : 200 bottes/heure ! Ils attendent les tomates avec impatience, celles ci leur demande beaucoup de travail et de charge mentale avant de murir et c’est un grand soulagement quand ils commencent à les vendre.

     Pour fixer leurs prix c’est tout une réflexion, ça demande une certaine agilité mentale aussi. Il faut que le mètre linéaire soit rentable. Un des salariés nous raconte qu’une ferme comme ça en BIO, il n’y en a pas beaucoup, encore moins avec une machine de cette envergure pour laver les légumes. C’est vrai que leurs légumes sont toujours tirés à 4 épingles.

Merci à tous les producteurs pour ces visites qui donnent encore plus de sens à notre épicerie, et qui nous permettent de mieux comprendre les produits qu’on vous propose au quotidien !

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